Présentation

C'est dans la campagne charentaise, au sein d'une famille ouvrière et militaire, qu'IMNAS découvrit ses premières inspirations et aspirations. D'origine martiniquaise, l'artiste auteure a suivi sa voie en s'installant il y a peu dans la Provence tarasconnaise pour y exercer ses talents dans plusieurs disciplines telles que la copie de tableaux, l'illustration, le dessin, la peinture, la photographie et même l'écriture. Son travail, très inspiré et inspirant, s'est d'abord vu naître et coloré par l'influence qu'ont eu plusieurs artistes créoles dans la réalisation de ses premières séries artistiques.

La série initiale intitulée " Guru, dans quel état tu te mets? " _ guru étant un guide spirituel en sanskrit_ est une transcription picturale d'un questionnement qu'elle adresse aux Dieux quant aux origines de l'Homme et d'elle-même. C'est dans cette démarche que certaines références indiennes y trouvent leurs places comme le sont les Koulis, esclaves " engagés indiens " qui ont vu leurs sorts se jouer en Martinique pendant la période coloniale. Très introspectif et intimiste, le travail d'IMNAS a une portée humaniste. Pour comprendre son processus créatif, il est nécessaire de savoir que ses nombreuses contemplations faites lors d'excursions dans la nature l'ont mené à la méditation, à l'introspection qu'elle " vomit " sur tout support.

Dans " Visions et perceptions ", série où les couleurs criardes affluent, où le mal-être transpire, l'artiste expose une volonté d'ascension spirituelle, de connaissance d'elle-même. Ce travail de remise en questions se veut thérapeutique voire même salvateur. Elle tente de voir et de ressentir au-delà du visible pour essayer de comprendre et d'intégrer le Sacré qui régit la vie de chacun et dans quelle mesure son action peut être tangible." L'errance de Tomoe Gozen, ou le départ " est l'expression d'une volonté de retour aux sources, de reconnexion avec sa propre nature qu'elle a pu oublier quelques temps à cause d'une vie personnelle quelque peu tumultueuse. Les tonalités glaciales employées pour définir les visions macabres qui se présentaient à elle appuient la sensation de difficultés que l'on rencontre quand on est confronté à soi-même.

Ce questionnement évolue dans la série " Femelle ". Ici, la sensibilité de l'artiste ainsi que sa féminité sont mises à rude épreuve dans l'optique d'une réconciliation avec sa condition de femme métisse. La féminité y est représentée par l'emploi de plusieurs symboles issus de la Nature. IMNAS ne craint pas l'autoflagellation pour tenter de se révéler, et ce, à tous niveaux.

C'est d'ailleurs dans cette continuité que la série " Bordel ! " a été exécutée dans un total lâcher-prise où sa colère à la fois contre elle-même mais aussi contre la société l'a mené à une " overdose émotionnelle ", à une " masturbation cérébrale ". Elle se défoule, elle s'acharne jusqu'à en saigner pour se débarrasser de tout ce qui l'a mené à une perte totale d'estime envers elle-même.

La série " Bonne année et bonne santé surtout " est ironique, acide. Sont but? Critiquer la " fausse bienveillance ", se moquer éperdument de la " tristesse contemporaine " tout en se sentant concernée. Elle tourne en dérision ce qu'elle nomme la mort de la nature humaine par l'emploi de symboles mortuaires, morbides. Elle en arrive à pouvoir créer des natures mortes où squelettes d'animaux et fleurs artificielles trouvent leurs places naturellement.

Ce cheminement amène à la naissance d'IMNAS, personnage tiré de la mythologie personnelle de l'artiste. La série " I'm Not A Spam " mêle introspection, révolution et extraversions. L'utilisation du noir et blanc est l'expression d'une volonté de simplification quant à ses ressentis. Ni vaincue, ni vainqueur, sa compréhension d'elle-même permet de guérir ses plus profondes blessures.

Devenue Imnas, et par là découvrant naturellement au-delà d'elle même l'univers et l'existence intrinsèque à la Source, l'artiste est désormais guidée par la Nature et une spiritualité dont les vibrations s'imprègnent de son travail. Les ombres attachées à ses outils donnent vie à une présence chromatique jusqu'alors inconnue. L'équilibre peut enfin s'offrir aux regards de tous par le biais d'une technique particulière à la fois fine et moléculaire, laissant peu à peu les points se substituer aux trop durs traits. L'apparence ancrée de toute chose se révèle mouvante créant l'unité par la multitude.

Ce perpétuel questionnement tend à mener vers la conclusion que ce qui est ou paraît négatif n'est pas une fin en soi mais simplement un moyen d'aboutir enfin au bien-être, à la joie, à la sérénité. IMNAS reste et restera toujours révoltée de l'écrasement social et tente de démontrer que le fait de se livrer entièrement et profondément n'est pas qu'acte de folie, n'est pas l'entreprise déraisonnée d'un fou incompris, mais justement le travail d'une femme artiste encore souvent trop marginalisée comme le sont, à tort, tout ceux qui essaient de faire découvrir différemment le monde qui est le nôtre.